Les propositions législatives volent autour de nos oreilles

08.04.2025

 


Une attaque contre le dialogue social sur le rail

Alors que le gouvernement et les partis au pouvoir pointent du doigt le personnel ferroviaire et la soi-disant « enchère de grève », des propositions de loi sont préparées en coulisses qui menacent de saper fondamentalement le dialogue social. L'hypocrisie ne pourrait guère être plus grande.

Projet de loi du 27 mars 2025 – par N-VA


Dans cette proposition, la N-VA plaide pour une réforme en profondeur de la prise de décision au sein du Comité Paritaire National (CPN). Aujourd'hui, chaque décision concernant le statut du personnel et les conditions de travail nécessite une majorité des 2/3 – tant du côté des employeurs que du côté des représentants syndicaux. Cela garantit que les décisions reposent sur un large consensus, dans l'intérêt de toutes les parties prenantes.


La N-VA propose maintenant de remplacer cette majorité des 2/3 par une majorité simple. À première vue, cela peut sembler être un ajustement technique, mais les conséquences sont très importantes.


Un comité paritaire sans équilibre ?


L'AFN est composée sur une base égale : les employeurs et les syndicats ont chacun un nombre égal de sièges. C'est un élément fondamental d'un dialogue social équitable. En abaissant la majorité des 2/3 nécessaire pour l'acceptation des propositions, l'équilibre est rompu.

 En pratique, les syndicats n'agiraient que comme de simples interlocuteurs sans droit de décision. En conséquence, le NPC perd sa fonction principale de conseil et est réduit à une formalité.


Quel est l'argument de la N-VA ?


Selon la N-VA, les négociations au sein du NPC sont trop laborieuses et mènent trop souvent à des grèves. Mais cet argument ne tient pas la route. Le fait même qu'une majorité des deux tiers soit nécessaire oblige les parties à dialoguer et à chercher des solutions durables. Si les syndicats peuvent être ignorés, ils n'ont qu'un seul instrument puissant : le droit de grève.


Le véritable risque : plus de grèves, pas moins.

En retirant aux syndicats leur pouvoir de décision, on les incite en fait à agir. La proposition ne conduira donc pas à la paix sur les rails, mais plutôt à plus de troubles sociaux. Réduire au silence les syndicats lors des négociations n'est pas une modernisation, mais une muselière pour la voix syndicale.


Un retour dans le temps


Ce projet de loi constitue une attaque contre les principes fondamentaux du dialogue social, tels qu'ils ont été développés depuis des décennies. Cela rappelle l'époque où la concertation n'était pas fondée sur l'égalité, mais sur le diktat.

Projet de loi du 27 mars 2025: Violation du statut ferroviaire (recrutement uniquement contractuel)


Réduction progressive des tâches déguisée en "efficacité"


Le personnel ferroviaire est de nouveau visé par un projet de loi, une fois de plus de la N-VA. La proposition du 27 mars 2025 suggère de mettre fin à la politique de recrutement légale et de passer entièrement à des contrats de travail dans le secteur ferroviaire.

 Les arguments semblent à première vue techniques, mais les conséquences sont loin d'être anodines. Selon la proposition, l'emploi légal serait trop coûteux. Il est notamment affirmé qu'il y a un employé pour 21 travailleurs statutaires, alors que dans d'autres entreprises ferroviaires européennes, ce ratio est d'un pour 100. Cela fait implicitement référence à la "pyramide inversée" longtemps critiquée au sein de l'organisation : trop d'administration, pas assez de gestionnaires. De plus, il est affirmé que les coûts du personnel représentent 25 % du coût total, alors qu'ils ne seraient que de 10 % dans d'autres entreprises étrangères. 

Selon la proposition, la productivité serait également inférieure de 20 à 40 % par rapport au reste de l'Europe.
Mais le contexte n'est mentionné nulle part:


• Les chemins de fer en Belgique sont un service public avec des missions sociales.
• Le réseau et l'offre sont bien plus importants que ceux de nombreux collègues étrangers.
• Nos employés effectuent souvent un travail lourd, complexe et irrégulier sur le terrain.

 

Jours fériés : un mythe qui réapparaît sans cesse


Dans la proposition, il est fait mention du "grand nombre de jours de congé" – plus de 50, selon les affirmations. Cela néglige la différence fondamentale entre les jours de congé et les jours de semaine réduite (CV/KD). Plus de la moitié de ces jours résultent du travail supplémentaire : les employés travaillent 40 heures par semaine, mais sont payés selon un système de 36 heures. Les quatre heures supplémentaires par semaine sont compensées par la récupération – un système bien connu qui est également courant dans de nombreuses entreprises privées, telles que l'industrie chimique ou métallurgique.
En d'autres termes, les cheminots n'ont pas plus de jours de congé que dans d'autres secteurs, ils travaillent simplement différemment.


Attaque contre le statut = attaque contre l'attractivité de la profession


La proposition indique clairement qu'il est souhaité de mettre immédiatement fin au statut des fonctionnaires. Cependant, il y a également des signalements d'un important manque de personnel dans les services publics flamands où l'on travaille déjà sous contrat. De nos jours, les gens se fient soudainement aux compétences plutôt qu'aux diplômes pour attirer le personnel. C'est un signe que les gens cherchent désespérément des moyens de trouver des employés – parce que les conditions de travail ne sont tout simplement pas assez attrayantes.
 

Il en va de même pour les chemins de fer:

• Travail de nuit et de weekend

• Horaires irréguliers

• Garde sur appel

• Pas de salaires exceptionnellement élevés
 

Quiconque pense que les gens sont sous pression, impatients d'obtenir du travail sous contrat, sans aucune perspective ni protection, a clairement peu à voir avec la réalité sur le terrain.


Une croisade idéologique


Sous couvert de modernisation, d'efficacité et de libéralisation, les cheminots sont démantelés pas à pas. Ce qu'il faut vraiment, c'est un renforcement de la profession et une plus grande reconnaissance du personnel, c'est-à-dire une restauration et non une érosion du statut et des droits.



Projet de loi 27 mars 2025 – Privatisation partielle de la SNCB sur la table


Risques pour le personnel et les services publics


Un nouveau projet de loi vise à faire un pas important vers la privatisation partielle de la SNCB. Le gouvernement fédéral détient actuellement 99 % des actions de la compagnie ferroviaire. Selon la proposition, cette part pourrait être réduite à 50 % + 1 action, ce qui permettrait aux investisseurs privés d'entrer au capital de la SNCB.


Officiellement, le gouvernement reste l'actionnaire majoritaire, mais cette intervention représente un changement de cap fondamental aux conséquences profondes – pour le fonctionnement de la SNCB, mais surtout pour le personnel;


Infrabel reste en dehors de la proposition et resterait entièrement entre les mains du public. Mais le signal est clair : la porte est ouverte à la commercialisation de nos chemins de fer. Ce qui est partiel aujourd'hui peut être complet demain..


Bpost et Proximus comme « exemples » ?


Les partisans citent bpost et Proximus comme des exemples réussis d'entreprises publiques à l'économie mixte. Ce qui n'est pas mentionné, ce sont les conséquences pour le personnel de ces entreprises :


• Augmentation de la charge de travail
• Réduction de la sécurité de l'emploi
• Économies de personnel et de ressources
• Plus de flexibilité et de pression pour être performant

• Une culture dans laquelle le profit passe avant le service

 
Ce projet de loi suscite donc de vives inquiétudes pour les syndicats :

• Qu'adviendra-t-il de la sécurité de l'emploi et des conditions de travail du personnel?

• En pratique, l'orientation client ne signifie-t-elle pas simplement économiser du personnel et se concentrer sur des itinéraires rentables ?

• Comment pouvons-nous garantir la fonction sociale de la SNCB, comme la mobilité et des services abordables dans toutes les régions, s'il y a des acteurs commerciaux autour de la table?

• Quelles sont les expériences de privatisation dans le monde à l'étranger, par exemple au Royaume-Uni?

 

Une piste performante, oui. Mais entre les mains du public.


Il ne fait aucun doute que l'entreprise ferroviaire doit continuer à mettre l'accent sur l'efficacité, la convivialité et la modernisation. Mais cela peut – et doit – se faire dans un contexte public fort, dans le respect des salariés et avec des garanties pour le rôle social de la SNCB.

 

SLFP-Cheminots  s'oppose à toute mesure vers la privatisation


Ce projet de réforme menace d'être le début d'une politique visant à démanteler la logique du marché sur celle du service public. Les syndicats suivront cette question avec une grande vigilance et appellent à une large consultation des représentants du personnel.

Nous ne voulons pas d'une SNCB qui place le profit au-dessus des services socialement acceptables.